J’ai longuement hésité à vous raconter cette expérience, parce qu’on se sent toujours un peu bête d’exprimer ses peurs. Mais je me suis dit qu’il pouvait être utile à certains. Il y a encore quelques années, je voyageais en avion sans difficultés. Mais, peut-être à force de voir tous ces accidents aériens j’ai commencé à trembler lorsque j’étais censé prendre l’avion. Même le célèbre cocktail « Lexomil-alcool » ne suffisait plus à m’apaiser. Il y a deux mois, ma chère et tendre m’a donc prié de m’inscrire à un stage pour affronter ma phobie croissante. Mon stage s’est passé en plein Paris un dimanche. Nous étions cinq participants réunis pour l’occasion, avec une majorité de femmes. J’avais peur lorsque je prenais l’avion mais je parvenais encore à voyager. D’autres ne pouvaient même plus : une participante avait exigé de descendre après la fermeture des portes de l’appareil ! La psychologue a commencé par nous rassurer, en nous apprenant que nous n’étions pas seuls à avoir cette difficulté : 23 % des voyageurs d’affaires ressentent cette peur ! Nous avons donc commencé par aborder la partie psychologique du stage, en apprenant à rééduquer notre cerveau. Le but de cet échange était de prendre conscience des raisonnements qui entretiennent nos peurs… Ca m’a fait un bien fou de pouvoir en discuter avec des gens qui ne se contentaient pas de répéter bêtement que « l’avion est le moyen de transport le plus sûr ». Puis la psychologue nous a appris à nous relaxer en nous servant de la respiration abdominale, en s’appuyant sur un logiciel de cohérence cardiaque. Après un copieux déjeuner, nous avons commencé la seconde partie : tout savoir sur le fonctionnement d’un avion. L’idée est toute simple : c’est le fait de ne pas comprendre qui provoque en partie la peur. Un vrai pilote de ligne en uniforme nous a donc expliqué comment un avion volait, puis a eu la lourde tâche de répondre à nos nombreuses questions, même les plus abracadabrantes (du genre : est-ce que le train d’atterrissage peut se détacher ? Que se passe-t-il si la cabine prend feu ?). Après deux heures de discussions, j’étais devenu incollable sur le sujet. Puis nous sommes passés à la dernière partie, la plus sympathique car avec mise en situation : nous avons pris les commandes virtuelles d’un 737. Le simuateur de vol était la vraie réplique d’une cabine de 737 : il était même si réaliste qu’une fois à l’intérieur, on a du mal à faire la différence avec le réel. Un autre pilote de ligne nous a fait prendre les commandes et nous a appris à piloter malgré des pannes. La journée s’est terminée par un débriefing où chacun a pu partager son ressenti. Pour finir, j’ai repris l’avion bien plus calmement qu’avant. Je ne mentirai pas en disant que je ne ressens pas une certaine anxiété avant le décollage, mais j’imagine pouvoir vivre avec ça. Et je peux même voyager avec ça.