À partir d’une enquête ethnographique menée au sein d’un centre de réadaptation cardiaque, l’article s’intéresse aux conditions sociales de formation à l’autonomie dans le cadre de la prévention des maladies cardiovasculaires. Nous étudions les activités médicales qui visent l’inculcation au patient, suite à l’accident cardiaque, de dispositions à l’auto surveillance de sa maladie et au contrôle de son hygiène de vie, instituant de façon contractuelle la figure de l’« auto soignant ». Celle ci résulte, au sein du dispositif, d’un travail d’accord entre professionnels et patients au sujet de ce qu’il convient de faire pour gérer la maladie à long terme. Ce travail se situe à l’articulation de deux mondes sociaux : celui du soin qui établit les règles ou la structure du contrat visant à sécuriser la trajectoire de la maladie ; celui du patient et de ses habitudes de vie qui tente de transformer ces principes en convenances personnelles. Nous montrons ainsi dans quelles mesures la rééducation peut être vue comme une série d’épreuves de légitimation du savoir médical et comment, au sein des interactions soignants patients, ce dernier se diffuse comme un savoir pratique. L’apprentissage du métier d’auto soignant réside dans le passage de l’un à l’autre de ces régimes d’action et permet, entre autres, d’éveiller le patient aux nouvelles limitations corporelles induites par l’accident, aux savoirs et savoir faire requis pour gérer la maladie au long cours.