Les Yvelines regorgent de trésors en tout genre. Un ami qui habite en banlieue parisienne, près de Versailles, a voulu me les faire découvrir lors de mon bref séjour chez lui, et ce d’une manière très originale : lors d’un vol en montgolfière ! C’est ainsi que j’ai pu découvrir du ciel « une des plus délicieuses folies qu’on ait faites », selon Balzac. Cette extravagance, à peine à 19km à l’ouest de Paris, n’est pas Versailles même. Elle porte un nom qui évoquera immédiatement des souvenirs dans l’esprit des amoureux de littérature : le château de Monte-Cristo. Le nom a fortement à voir avec le roman, puisque cette demeure fut commandée par l’écrivain lui-même ! Voici pour vous l’histoire de ce lieu fascinant, telle que mon ami me l’a présentée, et que j’ai complétée en visitant la demeure par la suite. Alexandre Dumas dit à son architecte, après avoir acquis 9 hectares près de Saint-Germain-en-Laye : « Vous allez ici même tracer un parc à l’anglaise, au milieu duquel je veux un château Renaissance en face d’un pavillon gothique entouré d’eau. Il y a des sources, vous m’en ferez des cascades. » Ainsi fut fait. Alexandre Dumas père (1802-1870), riche (car « ses succès sont mieux que des succès, ce sont des triomphes » disait Victor Hugo), fit construire une bâtisse à son image, extravagante, excentrique, démesurée. La façade sculptée est surmontée de tourelles à clochetons dont les lucarnes s’ornent de son monogramme. Les fenêtres sont la copie conforme de celles du château d’Anet dans l’Eure-et-Loir. Au-dessus de la porte d’entrée, un médaillon dans lequel figure son effigie et sur le fronton, sa devise : « J’aime qui m’aime ». Et on va l’aimer ! Pendant que ses amis s’amusent, affluent à ses fêtes somptueuses dans cette demeure qui ne désemplit pas, il travaille d’arrache-pied dans le château d’If, néogothique en diable, avec rosace, bas-reliefs et galeries en dentelle de pierre, douves et pont-levis. Sur la façade, des cartouches en pierre conservent à jamais les titres de ses œuvres. La crémaillère est pendue le 25 juillet 1847 en présence de 600 invités. Deux ans plus tard, Dumas se voit contraint d’abandonner le domaine et son « mobilier considérable », ainsi que l’annonce l’affiche de la vente aux enchères. Depuis la maison a été restaurée, l’univers de Dumas recréé à partir de gravures, de peintures et de reproductions. Le salon mauresque a retrouvé sa luxueuse et subtile magnificence. La promenade dans le parc, accroché à la colline du Port-Marly, est un enchantement. L’esprit d’Alexandre Dumas habite à jamais ces lieux qui ont retrouvé leur allure romantique et leur délire romanesque. Cette demeure, ouverte au public, ne l’est malheureusement plus en cette saison (elle ferme de novembre à avril). Mais si l’aventure vous tente, il est tout de même possible de l’admirer en optant pour un vol en montgolfière. Retrouvez plus d’informations sur l’organisateur de ce de ce baptême en montgolfière à Chenonceau.